Conférence du professeur Shôichirô Sendai « La notion de toiture » , mardi 5 octobre à 17h, Maison de la culture du Japon à Paris


Le modèle du « toit-jardin » chez Le Corbusier et son influence sur l’architecture moderne au Japon. Une conférence du professeur Shôichirô Sendai, Hiroshima University

Le modèle du « toit-jardin » proposé par Le Corbusier est une des formes normatives du modernisme architectural, dérivant directement du système constructif de la maison « Dom-Ino », et de l’invention d’une architecture sur pilotis. Pour Le Corbusier, le soleil qui baigne le toit est bon pour la santé, tandis que l’horizontale du toit-jardin produit une harmonie d’un point de vue paysager. Après les années 1920, il va poursuivre sa recherche sur le « toit-jardin », qui ne concerne ni le type du bâtiment ni la figure de toiture. Une des sources d’inspiration chez Le Corbusier est peut-être une œuvre en béton armé d’Auguste Perret, ou bien le Voyage d’orient lui-même réalisé par Le Corbusier en 1911 (« des jardins suspendus » à la Villa d’Hadrien, ou « la loggia » de la Chartreuse d’Ema). La traduction de l’histoire en architecture moderne est une des constantes dans la création chez Le Corbusier.

Réciproquement, quelle est l’influence du « toit-jardin » en tant que dispositif moderne sur les réalisations des architectes japonais ? Pour des raisons idéologiques, à partir des années 1930, le gouvernement japonais va imposer un style impérialiste-nationaliste (Teikan-Yôshiki) avec un toit traditionnel en tuiles. Après la seconde guerre mondiale, en raison du manque de matériaux, il faudra construire plus économique en utilisant le bois. Les architectes sont naturellement enclins à construire avec une toiture inclinée. Cependant, ceux qui ont travaillé dans l’atelier Le Corbusier vont proposer alors le modèle du « toit-jardin » corbuséen.

En novembre 1955, Le Corbusier visite au Japon les dernières réalisations de Kunio Maekawa, Junzô Sakakura ou Takamasa Yoshizaka. Il compare la maison de Yoshizaka à la « maison–citrohan » et apprécie le gazon du toit-terrasse de la Maison Internationale. En revanche, il n’a guère été sensible à la beauté de la toiture traditionnelle au Japon.

Maekawa est le seul architecte qui se soit attaché durablement au « toit-jardin » en tant que figure horizontale. Sakakura a réalisé des « toit-jardin » dans quelques-unes de ses œuvres, mais son intérêt se porte progressivement vers la cour ou la terrasse à rez-de-chaussée. Yoshizaka est plus libre. Il couvre sa « maison-citrohan » avec une toiture à pentes pour la pro­tection contre la pluie.

Dans la suite du développement du modernisme architectural au Japon, la notion de « toit-jar­din » comme environnement vertical est abandonnée, et le mouvement converge sur la tradition japonaise (le « hisashi » ou le « naka-niwa »). Il semble inconcevable que le Japonais habite sur un toit dans la vie quotidienne. Cette étude devrait nous permettre de discuter le problème de la sensibilité architecturale au-delà de la question du climat ou des habitudes sociales et culturelles. En fait, l’origine de la notion japonaise de toiture, à l’époque Jômon (« Ya-ne »), implique l’idée d’un espace fondamental sans mur.
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Conférence du professeur Shôichirô Sendai "La notion de toiture", mardi 5 octobre à 17h, Maison de la culture du Japon à Paris
Photo : Lucien Hervé
© FLC/ADAGP
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