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International Art Center

Erlenbach, Germany, 1962

  • Centre d'art international, Erlenbach
    © FLC/ADAGP
Centre d'art international, Erlenbach
© FLC/ADAGP

Ce projet appartient aux nombreuses déclinaisons du Musée à croissance illimitée, élaboré dès l’année 1930. A cette époque Le Corbusier destinait ce projet à son ami Christian Zervos, pour un aménagement parisien. Le Corbusier envisageait de déposer un nouveau brevet dans l’intention d’industrialiser et généraliser ce projet architectural. Il ne le déposera jamais, mais le concept sera retravaillé, peaufiné, agrémenté et surtout reproposé en de nombreuses occasions. Le Corbusier n’en construira que trois mais aucun d’entre eux ne verra le jour à Erlenbach-Main.

Pour ce projet, Le Corbusier ne fait pas preuve d’une grande originalité et ne s’en cache pas. Dans la note adressée à l’un de ses collaborateurs, le 10 janvier 1962, il demande que son ancien projet de 1930 soit adapté pour ce nouveau client allemand, l’Internationales Kunstzentrum d’Erlenbach, incarné par son secrétaire général Heiner Ruths. Pour autant Le Corbusier met en avant le caractère inédit et unique de cette création architecturale :

« Il s’agit ici d’un travail qui comporte ma signature, c’est-à-dire d’un musée qui a été étudié au cours de trente années, mis au point petit à petit, dont la totalité sera appliqué pour la première fois à Erlenbach. […]je fournirai des solutions absolument neuves et extrêmement variées de salles de musées à demi-étage et touchant parfois au sol, de façon à créer, par cet ensemble, une atmosphère extraordinaire de diversité de perspectives permettant une présentation chaque fois inattendue d’œuvres peintes ou sculptées. ».

 

Les louables intentions de l’architecte ne doivent pas nous faire perdre de vue que cette production restera dans la veine des productions passées. En dehors de la présence attendue du musée à spirale carrée, extensible à volonté on retrouve comme dans ses modèles indiens ou japonais, des compléments que Le Corbusier estime « utiles » : la « Boite à Miracles », un « Théâtre spontané », un pavillon des expositions itinérantes, des ateliers d’artistes, des dépôts pour le Musée et un jardin des sculptures. Sans s’attarder sur cet élément désormais bien connu, soulignons juste que l’on retrouve l’élégante rampe d’accès caractéristique de ces musées.

 Les raisons de ce nouveau fiasco restent en revanche assez énigmatiques. Ce qui est certain c’est que Le Corbusier s’est mépris sur l’importance du lieu et des commanditaires. Il imagine une ville centrale, à la convergence de différentes capitales européennes alors qu’il n’en est rien. Il se trompe également sur le financement du Musée qu’il imagine porté par l’industrie allemande, « les forces vitales du pays ».

Le contrat définitif et les honoraires sont arrêtés entre janvier et avril de l’année 1962. En mai 1963, il n’y a aucune mise-en-œuvre pour ce projet, sans pour autant que Le Corbusier s’en plaigne. En revanche pour le Kunstzenrum, le Musée et Le Corbusier sont devenus une formidable mécanique publicitaire dont ils usent et abusent, au risque d’irriter le vieux maître dont la réactivité et le coup de griffe n’ont rien perdu malgré ses 76 ans. A la vue d’articles publicitaires et d’un affreux papier à lettres flanqué d’un monumental schéma représentant une épure du Musée à croissance illimitée, Le Corbusier écrit sans détours :

« J’apprécie votre sens de l’opportunité mais je ne cache pas que la manière de faire une publicité me concernant en Allemagne, telle que vous l’avez manifestée dans votre dernier Bulletin International du 1er janvier 1963, me parait un peu abusive. Vous devez mesurer que je ne suis pas un Barnum et je n’aime pas beaucoup être « barnumisé » (je parle de vos papiers à lettres, je parle de vos comités, etc.

Je ne veux pas vous décourager du tout, mais je veux vous prier de ne pas m’employer comme lanceur d’affaires. »

 

L’affaire est entendue et en restera là malgré quelques vaines relances épistolaires. Le Corbusier ne réalisera donc pas cet ultime musée.    

Ce projet a été conçu pour être réalisé en pleine campagne. Erlenbach est situé à l’intersection des axes Stockholm-Rome et Paris-Vienne-Belgrade-Bucarest.

Le programme prévoit un “Musée à croissance illimitée” avec une extension future, une “Boîte à miracles”, un “Théâtre spontané”, un pavillon des “Expositions itinérantes”, des ateliers et des dépôts pour le musée, et un jardin des sculptures.

Le projet, issu de l’atelier de Le Corbusier, a été présenté aux autorités sous la forme d’un cahier, la “Grille des CIAM”, au format 21 x 33 cm.

Ce système de présentation a été inventé en 1947 par l’ASCORAL (Assemblée des Constructeurs pour une rénovation architecturale).

Extrait de Le Corbusier, Oeuvre complète, volume 7, 1957-1965

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