

Ain't Misbehavin'
Nicole Wittenberg à la Maison La Roche
13 juin — 19 juillet 2025
Ain’t Misbehavin’ présente une série de peintures de Nicole Wittenberg développées à partir de ses croquis préparatoires réalisés en plein air, au pastel. Elles rendent compte des plaisirs d’un jardin en floraison, mais également de l’envie de capturer ces instants fugaces sous forme d’impressions, car ces œuvres représentent une phase de développement située entre l’immédiateté de la peinture sur le motif et le travail de mémoire nécessaire à la reconstitution du tableau en atelier. Ce processus suggère une corrélation entre fugacité et présence profonde. Bien que réalisées en dehors du « terrain », ces œuvres sont animées d’un mouvement dynamique qui définit un espace psychique et affectif, tout en conservant l’énergie de la rencontre. Elles cherchent à transmettre des émotions difficiles à saisir, des instants fugaces et éphémères, un sentiment universel bien que difficile à exprimer de connexion désintéressée avec le monde naturel, ainsi qu’un sentiment d’empathie envers d’autres formes de vie.
Cette exposition est présentée en collaboration avec la galerie MASSIMODECARLO.
Les œuvres sont vibrantes. Des figures botaniques se tordent, vrillent et tournoient dans le plan pictural, poussant contre les bords de la toile. Dans ces œuvres en particulier, Wittenberg rapproche la surface peinte des textures d’éléments locaux — feuilles, tiges, pétales, écorces — établissant une polyrythmie visuelle qui fait écho à son amour souvent évoqué pour le jazz. À l’image du jazz, ses œuvres sont syncopées ; elles expriment une cadence décalée. Le jazz, genre difficile à définir, est en constante évolution, et cette essence éphémère, temporelle, changeante se retrouve dans le travail de Wittenberg. Comme le jazz, ses toiles ne sont ni rigoureusement composées ni totalement improvisées : elle suit une logique musicale qui lui permet une certaine liberté expressive, tout en mettant l’accent sur le toucher et le ressenti. Tel le mouvement d’une voix dans une chanson — celle de Billie Holiday, par exemple, dans son interprétation de 1958 d’Ain’t Misbehavin’, dans un style parfait — l’approche picturale de Wittenberg invite à des modes de regard multiples, qui dépassent ou contournent les manières empiriques d’observer — et d’être en relation avec — les phénomènes de la nature.
Sarah Messerschmidt
