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LC.  Revue de recherches sur Le Corbusier

LC.
Revue de recherches sur Le Corbusier

Une revue dédiée à Le Corbusier

Publication bi-annuelle de l'Université Politècnica de València en partenariat avec la Fondation Le Corbusier

LC souhaite devenir une nouvelle revue dont l’épicentre sera Le Corbusier et la pluralité de son œuvre. Comme L’Esprit Nouveau, LC souhaite être une “Revue du monde consacrée à l’esthétique de notre temps, dans toutes ses manifestations”. C’est de cela qu’il s’agit : partir de Le Corbusier pour décrire des circonvolutions généreuses afin d’appréhender l’esthétique et les arts de notre époque.

Il s’agit aussi de reconnaître un héritage tourné vers le futur qui nous permette de réunir un large spectre d’articles susceptibles de revenir des origines de Charles-Edouard Jeanneret, celles de ses prédécesseurs, son époque, jusqu’à leur résurgence, manifestation et déclinaison dans le présent et le futur, et ce à travers la grande variété des manifestations artistiques, sans limites ni a priori.

Articles de recherche biographique, littéraire ou textuelle, analyse de projets d’architecture, de créations plastiques, de design ou musique, essais de critique génétique ou inférentielle, travaux de nature graphique, photographique, essais portant sur l’esthétique … Tous seront donc susceptibles d’être publiés car notre seule exigence sera de valoriser une recherche patiente dans laquelle Le Corbusier s’inscrit toujours, même en filigrane. Cent ans auparavant Le Corbusier louait l’ “esprit de construction et de synthèse, guidé par une conception claire”; nous nous attacherons donc à privilégier les travaux de recherche rigoureux, originaux et signifiants.

LC. No. 9 — Mars 2024

Le Corbusier — Une recherche patiente

Le numéro 9 de LC présente de nouveau un contenu hétérogène, avec des sujets de réflexion divers ouvrant de nouvelles pistes de recherches qui démontrent, une fois de plus, que les études sur Le Corbusier sont encore loin d’être épuisées.

Dans ce numéro, nous poursuivons notre hommage à Jean-Louis Cohen. La section “Article invité” présente la deuxième et dernière partie de son introduction à l’édition anglaise de Vers une architecture, permettant ainsi de disposer de l’intégralité de ce texte, accompagné, comme dans le numéro précédent, d’une illustration abondante.


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Jean-Louis Cohen est également au cœur de la rubrique “Le Corbusier Contemporain”. L’article d’Arnaud Dercelles et Rémi Baudouï y retrace sa formation et une partie de sa carrière. Loin de se limiter à de simples aspects biographiques cet article permet surtout de l’inscrire dans une trajectoire familiale très particulière et dans un contexte culturel, intellectuel et politique complexes. En dehors de toute tentation hagiographique, ce texte permet une meilleure compréhension critique et historiographique d’un chercheur et ami qui aura marqué profondément l’univers corbuséen.

La section “Recherches” est composée de cinq articles sur des thèmes corbuséens très différents. Gabriele Gardini étudie le voyage de Le Corbusier en Vénétie en 1922 et analyse les répercussions que la connaissance directe des œuvres principales d’Andrea Palladio a pu avoir sur son travail et sa pensée architecturale. Leda Dimitriadi aborde le thème de la géométrie et, au-delà des habituelles réflexions philosophiques, voire hermétiques, elle examine le rôle de la géométrie dans la pratique corbuséenne de la conception et de la construction, en s’appuyant sur deux études de cas significatives telles que le Palais des Assemblées de Chandigarh et la chapelle de Ronchamp. Mônica Luce Bohrer combine deux questions importantes dans son texte : les relations de Le Corbusier avec l’Angleterre et le problème des pavillons d’exposition. Son article donne toute son importance à la figure de Clive Entwistle, élargissant ainsi le cercle des figures pertinentes dans la sphère corbuséenne, et analyse en même temps, sur la base des projets d’expositions britanniques, l’utilisation consciente des expositions dans le cadre des stratégies de communication de Le Corbusier. Sayuri Hayakawa et Taji Takahiro apportent un regard inédit sur l’ouvrage manuscrit pionnier du jeune Jeanneret, La Construction des Villes ; ils soulignent qu’il ne s’agit pas d’une étude urbaine aseptisée, mais d’un véritable paysage politique marqué par le débat patriotique français contemporain et, en particulier, par les idées de Georges de Montenach. Enfin, Stephen Atkinson tente de révéler l’existence, au cœur de l’œuvre de l’architecte, d’un certain langage privé, empreint de symbolisme, d’ésotérisme et d’humour personnel, avec des images cachées de visages et d’éléments phalliques et une présence continue d’images récurrentes, comme les taureaux. L’auteur, qui relie tout cela à l’intérêt de Le Corbusier pour Rabelais, s’inscrit dans la lignée des études les plus récentes sur les aspects symboliques de sa vision du monde.

Dans la section “Documentation”, Iñaki Bergera présente un reportage sur Pessac composé de 27 photographies prises par lui-même ainsi qu’’un texte introductif qui met en relation ce regard contemporain avec l’analyse du parcours du temps à travers ce véritable palimpseste que sont les Quartiers Modernes Frugès.

Enfin, la partie “Recensions” comprend trois importantes contributions récentes sur Le Corbusier. Clara E. Mejía Vallejo commente le livre Five brief reflections on Le Corbusier’s work, édité par Alejandro Lapunzina, dont son texte accompagne ceux de Juan Calatrava, Pere Fuertes, Josefina González Cubero et Jorge Torres Cueco, après une introduction de Brigitte Bouvier et une autre de René Tan à l’occasion de son exposition de maquettes LC 150+. Pablo Marti Ciriquián met en lumière les principaux aspects de la thèse de doctorat de Juan Andrés Rodríguez Lora sur El otro urbanismo de Le Corbusier. Una mirada atenta a su legado urbanístico. Et Jorge Torres analyse le livre de Tim Benton The Painter Le Corbusier : Eileen Gray’s Villa E 1027 and Le Cabanon.

Nous constatons, ravis, que notre revue continue de s’implanter dans le paysage corbuséen. Le nombre croissant de visites et de téléchargements, ainsi que le nombre de propositions d’articles reçues, nous permettent d’aborder son avenir avec une sérénité. Nous remercions sincèrement les lecteurs, les auteurs et les membres des différents comités, ainsi que la Fondation Le Corbusier, pour son soutien constant.

Juan Calatrava / Arnaud Dercelles / Jorge Torres

LC. No. 8 — Septembre 2023

Jean-Louis Cohen — Vers une architecture

Au moment où nous nous apprêtions à boucler ce numéro de septembre, heureux d’ouvrir sur l’un de ses articles, nous avons appris le décès soudain et prématuré de Jean-Louis Cohen. Il était architecte, historien de l’architecture, enseignant, membre du comité scientifique de la revue LC, mais aussi un repère essentiel de la communauté corbuséenne, et avant tout un ami qui nous accompagnait depuis de nombreuses années de ses conseils. Nous ne pouvons pas encore mesurer ce que nous perdons mais nous mesurons déjà aisément ce qu’il aura apporté à la connaissance architecturale et à la transmission. Nous pourrions nous perdre dans les superlatifs le concernant et parler du polyglotte, de l’érudit, de l’hypermnésique, nous pourrions évoquer son sens de la formule, son humour, tout autant que nous pourrions nous perdre dans de nombreuseslistes : celles de ses écrits, de ses expositions, de ses conférences, de ses cours, etc. Du New York Institute of FineArts au Collège de France, Jean-Louis aura inspiré. Ses écrits demeurent, son souvenir aussi mais notre peine est grande.

Ce numéro qui se voulait être une célébration du centenaire de Vers une architecture s’ouvre avec une reprise du texte que Jean-Louis Cohen avait réservé à l’introduction de l’édition américaine du livre, et dont nous livrons ici la première partie (la seconde sera proposée dans le numéro de mars). Nous bouleversons ce numéro en proposant un entretien inédit de Jean-Louis Cohen accordé à Elisabeth Essaïan et dans lequel il revient sur la recherche architecturale.


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Françoise Ducros nous propose la deuxième partie de son article sur L’Art Décoratif d’aujourd’hui, “aile gauche” de Vers une architecture, dans lequel elle introduit la question de la relation entre design fonctionnel et modernité dans le contexte d’une nouvelle réalité sociale. Sjoerd van Faassen et Herman van Bergeijk proposent un vaste essai comparant les idées architecturales de van Doesburg et de Le Corbusier à l’époque de la publication de Vers une architecture et de laconception de la Maison d’Artiste. José Miguel Mantilla revient quant à lui sur un moment de la formation du jeune Jeanneret, plus précisément sur les mois qu’il a passés à Vienne entre 1907 et 1908, durant lesquels sa vision du romantisme allemand, avec les figures de Gottfried Semper et Richard Wagner, se transforment. Covadonga Blasco propose unenouvelle lecture de la couverture de Ronchamp, dans laquelle elle reconnaît les organes d’une baleine, et révèle que le dessous caché est aussi une œuvre d’art. Enfin, Christine Kelley utilise la figure rhétorique du “chiasme” pour examiner leconcept d’axe dans “Architecture, pure création de l’esprit”, publié dans Vers une architecture, et la manière dont ilest configuré dans son architecture.

Les archives de la Fondation Le Corbusier consacrées à Vers une architecture sont le sujet de la sélection “Documentation”.Une série de dessins, de textes et de documents témoignent de l’univers qui a précédé l’élaboration du livre dans ses différentes éditions. De la correspondance de 1922 avec les Éditions Crès à l’introduction de la deuxième édition, en passant par des illustrations présentées sous forme de petits croquis, mais aussi la jaquette de l’édition de 1958 ou encore un papier collé faisant allusion à la figure du taureau, nous proposons un kaléidoscope d’images et d’idées qui composent ce livre.

Notre partie, « LC Contemporain » présente les réponses à un petit questionnaire sur Vers une architecture que nous avions soumis et auquel ont répondu généreusement Iñaki Ábalos, Tadao Ando, Tim Benton, Antón Capitel, Carlos Eduardo Comas, William J. R. Curtis, Luis Fernández Galiano, Roberto Gargiani, Toyo Ito, Ryue Nishizawa, Antoine Picon, Carlo Olmo, JoséOubrerie, Víctor Pérez Escolano, José Manuel Pozo, Josep Quetglas et Arthur Rüegg.

Enfin, deux nouvelles critiques de livres sont incluses à ce numéro. La première est consacrée au deuxième tome du catalogue des dessins de Le Corbusier. La seconde s’intéresse à la relation entre Le Corbusier et le sculpteur Joseph Savina.

Une fois encore, nous voudrions terminer cet éditorial en exprimant notre gratitude pour l’accueil réservé à la revue, mais aussi aux chercheurs qui nous soumettent leurs articles. Nous tenons également à exprimer notre reconnaissance à tousnos collaborateurs, relecteurs et, bien sûr, aux auteurs des textes, ainsi qu’aux comités éditorial et scientifique. La dernière pensée de cet éditorial est pour Jean-Louis Cohen.

Juan Calatrava / Arnaud Dercelles / Jorge Torres

LC. No. 7 — Mars 2023

Varia corbuséenne

Contrairement à la vision réductrice qui réduirait de manière simpliste Le Corbusier au seul rôle de chef de file du fonctionnalisme moderne, le tournant historiographique des dernières décennies nous permet de comprendre l’immenserichesse de la pensée et de l’activité créatrice du maître. Ce nouveau numéro de LC est, à cet égard, unereprésentation convaincante de la diversité, au sens le plus positif du terme, c’est-à-dire de la grande ampleur de l’éventail des thèmes, des types et des problèmes qui ont construit la vision d’un créateur toujours déterminé à faireface à tous les défis et à toutes les questions que lui posait son époque.

L’article invité, de Rémi Baudouï et Arnaud Dercelles, aborde une question pertinente dans le contexte des débats récentssur Le Corbusier et la politique : son cosmopolitisme. Laissant de côté les polémiques plus médiatiques quescientifiques, les auteurs analysent l’évolution du sentiment et de la pensée cosmopolitique de Le Corbusier. Au-delà d’une forte présence sur la scène internationale, c’est un profond sentiment humaniste, philosophiquement ancré dans des idées de paix mondiale et de progrès, qui éclaire les motivations de certains de ses projets.


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La section « Recherches » est composée de cinq contributions qui peuvent être considérées, conjointement, comme un échantillon de cette variété kaléidoscopique de l’activité de Le Corbusier. La première, de Gabriele Gardini, nous replonge dans son premier voyage à Venise (en 1907). Toujours influencé par John Ruskin, il découvre à Venisel’architecture médiévale, mais aussi un monde de couleurs et de sensations qui resteront à jamais dans sa mémoireet dans sa manière d’intégrer les leçons du passé dans la contemporanéité.

Julie Cattant aborde un thème transversal passionnant : l’obsession de Le Corbusier pour la ligne d’horizon. Fondant son étude sur l’importance que l’architecte accordait à ce thème, l’auteur nous révèle qu’à côté des motivations paysagères ou purement architecturales, il y a aussi de denses réflexions poétiques issues de sa vision complexe du monde.

Le troisième article, rédigé par Alejandro Vírseda et Carlos Labarta, retrace l’histoire du concept de boîte à miracles, depuis ses origines théoriques, liées à l’idée de l’espace indicible, jusqu’à ses tentatives tardives de construction. Les auteurs soutiennent que le processus de distanciation de Le Corbusier par rapport à l’idée de la machine à habiterpeut-être mesuré dans la définition progressive de la boîte à miracles.

Richard Klein étudie quant à lui l’un des projets non réalisés les moins étudiés de Le Corbusier : le Palais des Congrèsde Strasbourg (1962-1965). Il dévoile un Le Corbusier, quoique avancé en âge, qui reste tout à fait réceptif au sens moderne du spectaculaire et aux dernières avancées en matière de son et lumière (comme il l’avait déjà démontré à Bruxelles en 1958 avec le Pavillon Philips).

La section recherche s’achève sur la contribution de Françoise Ducros, première partie de son étude sur L’Art Décoratif d’Aujourd’hui. Elle analyse non seulement le contenu de cet important ouvrage théorique, mais aussi son imbricationdans un contexte plus large, lié tant à l’aventure de L’Esprit Nouveau qu’à l’Exposition Internationale des Arts décoratifs de 1925, sans oublier Vers une architecture.

La section “Documentation” est un reportage historique et iconographique de Patrick Mosser sur la villa “Le Lac”, conçue par Le Corbusier pour ses parents, dont l’on célèbre le centenaire. Des photographies soigneusement choisies illustrent le passage des décennies et la vie de ses habitants (y compris les animaux) dans ce bâtiment si cher au cœur de l’architecte.

La section “Le Corbusier contemporain” fait écho à l’exposition LC 150+, réalisée par le studio d’architecture RT+Q Architects. Ce sont plus de 150 maquettes de projets de Le Corbusier conçues par le studio qui ont entamé unevértitable tournée internationale. À l’occasion de sa présentation à l’ETS Arquitectura del Vallés, dans le cadre du programme d’études barcelonais de l’Université de l’Illinois, que son responsable, Alejandro Lapunzina, nous propose undialogue fécond avec l’architecte Rene Tan sur le sens et la portée de cette exposition.

Ce septième numéro de la revue est complété par trois recensions de livres récemment publiés sur la chapelle de Ronchamp, ceux de Josep Quetglas, Rafael Moneo et Claude Maisonnier. La lecture conjointe de ces trois recensionsmontre la complémentarité de ces révisions d’une œuvre si connue et permet d’établir de nouvelles clés de compréhension.

Nous voudrions conclure cet éditorial en remerciant de nouveau les lecteurs et les chercheurs pour l’intérêt croissant qu’ils portent à la revue LC et en les invitant à poursuivre leurs envois d’articles, de critiques et autres propositions, même insolites. Nous souhaitons également exprimer notre gratitude aux auteurs des textes, à ceux qui en assurent l’évaluation et la révision mais aussi tout particulièrement à Daniel López Martínez et José Miguel Gómez-Acosta, qui ont généreusement assuré la conception de cette nouvelle couverture.

Juan Calatrava / Arnaud Dercelles / Jorge Torres

LC. No. 6 — Septembre 2022

La leçon de Le Corbusier

C’est dans le premier numéro de la revue Focus (1938), publiée par les étudiants de la London Architectural Association, que Le Corbusier écrit un court article intitulé “If I had to teach you architecture”; article que l’on retrouve en addendum de la version espagnole d’Entretiens avec les étudiants des écoles d’architecture (Ediciones Infinito). Il y déclare que s’il le pouvait, il commencerait par interdire les “ordres”, insistant sur le vrai respect de l’Architecture mais aussi sur l’émotion ressentie devant l’Acropole ou le Palais Farnèse, cela pour mieux souligner “le faitque la noblesse, la pureté, la perfection intellectuelle, la beauté plastique et l’éternelle qualité des proportionssont les joies fondamentales de l’architecture”. Il proposait, alors, une leçon d’architecture. Cette interrogation est àl’origine de ce numéro de LC. Revue de recherches sur Le Corbusier.


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Arthur Rüegg nous invite à réfléchir au Pavillon de Zurich, pensé à la fois comme une maison modèle pour Heidi Weber mais aussi comme un lieu d’interaction pour l’ensemble des disciplines créatives pratiquées par Le Corbusier. Après larestauration effectuée par Silvio Schmed et Arthur Rüegg -dont les caractéristiques essentielles sont présentées- ce dernier a été le commissaire de trois expositions successives: “Mon univers : le monde des objets de Le Corbusier”, “Le Corbusier et Zurich” et “Le Corbusier et la couleur”; expositions qu’il a conçues en fonction des qualités spécifiques des différentes parties du Pavillon, véritable manifeste de son idée de la “synthèse des arts majeurs”.

Les articles de recherches présentent différentes “leçons” de Le Corbusier. Oljer Cardenas traite de l’œuvre résidentielle de Pierre Jeanneret, de son travail à l’atelier jusqu’à ses projets de logements à Chandigarh, pour lesquels les enseignements de son cousin ont été déterminants. Pedro Feduchi et Pedro Reula se concentrent sur la relation de Carlos Arniches et Martín Domínguez avec Le Corbusier, ainsi que sa réception en Espagne à travers la présence de la chaise longue dans l’appartement d’Edgar Neville, réaménagé par eux en 1927. La proposition de Guillemette Morel Journel s’appuie quant à elle sur la photographie bien connue des participants du premier congrès CIAM de La Sarraz, en 1928, pour nous en donner une lecture éclairante. Convoquant également la correspondance entre Sigfried Giedion et Le Corbusier, elle questionne puis démythifie une historiographie, parfois polémique, de la création du “mouvement” “moderne”. Enfin, José Morales se penche sur certains aspects du processus créatif de Le Corbusier, en tension constante entre les multiples limitations et son désir de liberté plastique.

La section “Documentation” a un double objectif. D’une part, elle présente le message de Le Corbusier au congrès “Il problema di Venezia” tenu en 1962 sur l’intervention architecturale ou urbanistique dans une ville historique comme Venise. Sa réponse est intimement liée à sa connaissance profonde de la ville, qu’il a visitée sept fois. À cette occasion, une documentation exhaustive de la Fondation Le Corbusier, de la Bibliothèque de La Chaux-de-Fonds et de quelques collections privées, sur sa relation avec cette ville est proposée. Les dessins et photographies de 1907, les notes pour la publication du livre La Construction des villes, les aquarelles de 1922, ses articles et la reconnaissance de la structureurbaine réinterprétée dans le projet de l’hôpital de Venise, ainsi que sa collection de cartes postales, constituent un matériel que Jorge Torres a mis à la disposition des futurs chercheurs. Mais c’est surtout une démonstration de ce que fut Venise pour Le Corbusier: une leçon d’architecture intense et poétique.

“Le Corbusier Contemporain” est consacré à l’œuvre de l’architecte et photographe Miguel Campuzano, accompagnée d’un essai de Miguel Ángel de la Cova, qui révèle la complexité conceptuelle contenue dans la manipulation de ses photographies prises avec un simple appareil polaroid. Mémoire, allégorie du souvenir, éloignement, superposition, etc. sont des questions qui pourraient expliquer le caractère évocateur de ces images.

Enfin, deux nouvelles critiques de livres sur Le Corbusier sont proposées. La première est dédiée à sa philosophie architecturale et à la construction d’un cadre auto-normatif. La seconde traite de la relation entre Le Corbusier et un client particulier, Jan Antonín Bat’a.

Nous espérons que dans ce numéro, les lecteurs se nourriront des enseignements de Le Corbusier à travers des dessins, des projets, des livres, des œuvres d’art et d’architecture. Nous leur sommes reconnaissants de leur fidélité, tout autant que nous sommes redevables aux chercheurs, qui numéros après numéros acceptent de partager leurs travaux, ainsi qu’à l’ensemble des contributeurs, qui participent à ce travail d’enseignement, dans des formats et des procédés très différents mais conforment à la variété que Le Corbusier a pratiqué tout au long de sa vie.

Juan Calatrava / Arnaud Dercelles / Jorge Torres

LC. No. 5 — Mars 2022

Unité

La notion d’unité est assurément l’un des slogans les plus entêtants de la pensée de Le Corbusier. On la retrouve dans de nombreux domaines, et plus particulièrement dans l’ensemble des disciplines artistiques, qui devaient être fusionnées en une seule forme d’art, regroupant peintres, designers, sculpteurs et architectes. «Les artistes sont ceux qui consacrent leur vie àassembler les pièces détachées du monde» affirmait Yves Simon, et Le Corbusier occupe une place prééminente parmi eux. D’une certaine manière, cette unité est l’idée principale qui rythme ce numéro 5 de LC. Revue de recherches sur Le Corbusier.

Le titre de cet éditorial provient de la collection de gravures contenue dans le dossier du même nom, publié ici dans son intégralité. C’est l’occasion d’admirer ce travail inlassable et patient réalisé entre 1953 et 1965. Dans son introduction, Juan Calatrava en révèle la signification et précise les relations avec d’autres ouvrages analogues, notamment Le Poème de l’angle droit.


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Dans le même ordre d’idées nous présentons le travail de deux artistes, Mélanie Feuvrier et Hugo Fortin, réalisé lors deleur résidence dans l’appartement-atelier de Le Corbusier et exposé à la Maison La Roche. Sur des feuilles de papier, ilscapturent les traces laissées par les mouvements quotidiens d’une porte dans le sol. Restitués sur des panneaux polychromes, ils évoquent la présence de Le Corbusier, dans un jeu de résonances multiples entre architecture et mémoire.

La couverture de @Matchwithart est également un manifeste, puisqu’elle nous propose une réflexion sur la réception du travailartistique, ainsi que sur l’implication entre des disciplines telles que la mode, la photographie et la peinture. Le Corbusier aurait probablement été heureux de voir cette image prête à être transmise par des moyens de diffusion alors insoupçonnés.

La section «recherche» propose cinq nouvelles approches de l’œuvre de Le Corbusier et de ses épigones. Guillermo Guerra seplonge dans la maison que l’architecte Bustillo a construite pour Victoria Ocampo à Buenos Aires. Celle-ci se superpose à unautre projet fait par Le Corbusier pour la même personne mais dans un autre lieu, afin de révéler la réalité de cettecommande, ses vicissitudes et les confusions qui en ont découlé. Patrick Burniat consacre son article au concept de plan libre de Le Corbusier et, en utilisant la métaphore du jeu qui lui était si chère, explique ses stratégies de composition dans les années 1920 et 1930. Christoph Schnoor explore l’évolution des conceptions urbaines premières de Le Corbusier, quidécoulent de ses études à la Bibliothèque nationale et des croquis qu’il a réalisés dans un carnet, pratiquement inédit, lors de son séjour à Paris en 1915. Marta Sequeira, Juan-Andrés Rodríguez-Lora et María Teresa Pérez-Cano consacrent égalementleur article à la ville et au changement d’attitude de Le Corbusier mis en évidence par un regard sélectif et un intérêt pour laconservation de la ville héritée, en utilisant le projet pour la ville d’Alger comme exemple. Enfin, Luis Burriel aborde avecrigueur et profondeur la présence de Le Corbusier dans l’œuvre de OMA, comme une exploration persistante de sesstratégies, recontextualisées dans le présent.

Susanna Caccia Gherardini et Carlo Olmo concluent leur essai, ambitieux, sur la restauration de la Villa Savoye qui, dans cettedeuxième partie, couvre les années 1980-87 avec les interventions d’Yvan Gury et de Jean-Louis Véret. En parallèle, il est question des études historiographiques initiées avec l’ouverture de la Fondation Le Corbusier, soulevant le problème de l’autoritéde ceux qui agissent sur un bâtiment « sursigné » comme la Villa Savoye.

La section de recensions d’ouvrages présente deux livres récents sur Le Corbusier. Le premier est consacré au processus de formation du jeune Jeanneret, plus précisément son ouvrage «La Construction des Villes» et à son impact sur ses théoriesurbaines. Le second porte sur le concept du plan libre, décisif en tant que stratégie de «mise en tension de son architecture et de son travail créatif».

La revue tente ainsi de répondre à cette recherche d’unité – indispensable en ces temps troublés que traverse l’humanité – qui se manifeste dans toutes les activités artistiques, de l’urbanisme à la création plastique elle-même, et dont on peut voir les fruits dans les créations les plus récentes. Nous remercions enfin nos lecteurs, mais aussi tous ceux qui collaborent à ce travail, sansoublier les institutions qui nous accompagnent dans cette tâche d’assembler les « les pièces détachées du monde ».

Juan Calatrava / Arnaud Dercelles / Jorge Torres

LC. No. 4 — Septembre 2021

Giuliano Gresleri, in memoriam

Ce quatrième numéro de LC est malheureusement marqué par le décès de Giuliano Gresleri, survenu le 20 décembre dernier. Architecte, historien de l’architecture, critique, théoricien, professeur, GiulianoGresleri était un pilier historique essentiel de la recherche sur Le Corbusier, et nous souhaitions saluer sa mémoire à travers un numéro hommage.


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A numéro particulier, couverture particulière. Il s’agit d’une peinture vive et colorée, qui pourrait évoquer un intérieur corbuséen, réalisée par Giuliano Gresleri en 2019. La section “Recherche” se devait égalementde rendre compte de l’empreinte qu’il laisse sur la connaissance de l’œuvre de Le Corbusier. Deuxtextes commémoratifs sont ainsi présents : José Oubrerie rappelle son étroite amitié avec Giuliano, qui s’est entre autre illustrée à travers leur collaboration pour la reconstruction du Pavillon de l’EspritNouveau à Bologne, tandis que Danièle Pauly évoque son importance en tant qu’historien de l’architecture. En outre, nous présentons également (dans sa version originale italienne et dans une traduction espagnole) un article inédit de Giuliano Gresleri, sélectionné par son fils Jacopo qui aura accompagné avec une grande générosité la réalisation de ce numéro.

Cette section est complétée par deux autres articles et une interview. Aurosa Alison se penche sur la pensée esthétique de Le Corbusier et sur l’importance d’une certaine forme de connaissance sensorielle dans ses réflexions. Dans cette optique, elle avance l’hypothèse d’une relation conceptuelleentre Le Corbusier et le grand penseur de l’espace, Gaston Bachelard. Bartolomé Serra et Alfonso Díaz analysent deux des grands projets urbains du milieu des années 1920, les agglomérations de Lège et de Pessac, comme des tentatives d’illustrations de réflexions contenues dans Vers une Architecture.Leur étude constitue une nouvelle contribution à la connaissance du parcours continu de Le Corbusierentre théorie et projet et entre urbanisme et habitat. Cette section se termine par la publication del’entretien réalisé par Veronique Boone et Gregorio Carboni Maestri avec Kenneth Frampton. Ce témoignage rend compte de l’importance de Le Corbusier dans la construction de sa vision historique de l’architecture du vingtième siècle. Il nous force également à reconsidérer le rôle des entretiens comme un outil majeur de connaissance.

L’”Article invité” est signée Susanna Caccia Gherardini et Carlo Olmo ; ils nous offrent la première partie d’un article dont la suite paraitra dans le prochain numéro de la revue. Sur la base d’un nouvel examen,abondamment documenté, le problème de la restauration de la Villa Savoye est désormais lié, dans unexercice historiographique sans précédent, à la mémoire de la première génération d’historiens qui a dû affronter, dans les années 1970, l’architecture de Le Corbusier, dans le contexte du changement profond de la vision de l’architecture contemporaine qui commençait alors à se dessiner.

La section “Documentation” comprend deux écrits passionnants sur l’Unité d’habitation de Marseille. Tout d’abord, un entretien radiophonique avec Le Corbusier réalisé par Frédéric Pottecher en 1950 (présenté en français dans la transcription dactylographiée originale ainsi qu’une traduction espagnole). L’architecte, à travers une visite du bâtiment encore en construction, répond aux questions du journaliste en esquissant un résumé accessible aux profanes tout en dévoilant les aspects essentiels deson projet. Une description détaillée du bâtiment réalisée par l’architecte André Wogenscky, publiée dans le magazine Le Point en 1950, est ajoutée comme complément.

Dans la section “Le Corbusier contemporain”, Iñaki Ábalos présente une comparaison, de primes abords surprenants avant de prendre pleinement sens, entre Le Corbusier et l’architecte paysagiste Frederick Law Olmsted.

Ce numéro se termine par les comptes rendus de deux publications récentes sur Le Corbusier ; l’une rendcompte du rapport complexe de Le Corbusier avec la politique dans les années trente quand l’autrepropose une réflexion nouvelle sur son œuvre plastique.

Une fois encore, nous sommes heureux de constater l’intérêt pour la revue LC ne cesse de croître.Nous tenons donc à remercier nos lecteurs, les chercheurs qui poursuivent leurs envois, les membres de comité éditorial qui veillent à l’objectivité et à la transparence des contenus et, de manière plusglobale l’ensemble des personnes et des institutions qui nous aident et rendent l’existence de cette revue possible.

Juan Calatrava / Arnaud Dercelles / Jorge Torres Cueco

LC. No. 3 — Mars 2021

Le Corbusier, « l’avenir est à NOUS »

Nous sommes ravis de vous proposer ce troisième numéro de LC. Revue de recherches sur Le Corbusier et nous réjouissons de l’intérêt grandissant pour la revue que nous mesurons par le nombre croissant de visites on line ainsi que la réception d’articles, toujours plus nombreux, que nous publions après un processus de sélection rigoureux, rendu possible par le travail attentif et généreux de nos referees.


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De nouveau, LC souhaite se faire l’écho de l’importance que Le Corbusier accordait à l’édition, tant comme auteur, typographe que maquettiste de ses propres livres. Pour cette raison nous continuons d’accorder une place majeure aux visuels généreusement mis à notre disposition par la Fondation Le Corbusier. La conception de la couverture relève de cette même exigence. Pour ce numéro, c’est l’artiste australien Paul Davies, qui nous offre une couverture aux couleurs vives et lumineuses, véritable antidote à cette période sombre.

L’article invité célèbre un double centenaire. En effet, il y a un peu plus de cent ans, Charles-Édouard Jeanneret et Amédée Ozenfant publiaient le premier numéro de L‘Esprit Nouveau, c’était quelques temps avant la mort d’Arturo Soria que José Ramón Alonso rapproche de Le Corbusier, à traversle projet de la Ciudad Lineal. Cette confrontation des deux urbanistes lui permet de nous offrir un panorama des théories urbaines des premières décennies du siècle dernier, théories que Le Corbusier ne cessera de reformuler durant toute sa vie.

Cette une comparaison avec un autre penseur que Javier Fernández nous propose en revenant sur la personnalité de John Ruskin. Deux autres articles s’intéressent à l’empreinte laissée par Le Corbusier sur d’autres cultures. Ingrid Quintana et Cecilia O’Byrne reviennent sur les critiques suscitées par le complexe du Capitole à Chandigarh pour s’y opposer et souligner sa capacité à dialoguer avec le topos mais aussi la culture locale. La recherche de Daniela Ortiz dos Santos porte sur le rapport qui lie Le Corbusier et l’élite culturelle brésilienne durant l’entre-deux-guerres, plus spécialement PauloPrado. Sarah Feriaux-Rubin s’attarde quant à elle sur la figure méconnue de Simone Galpin,première épouse d’André Wogenscky, dont l’activité au sein de l’atelier du 35 rue de Sèvres fut significative après-guerre, notamment dans l’élaboration de la cuisine de Marseille. Finalement, l’article de Paula V. Álvarez permet de penser la réinvention des techniques du projet architectural à travers l’Appartement Beistegui

C’est au sein de la rubrique Le Corbusier contemporain qu’Emilio Tuñón revendique l’inaltérable actualité de Le Corbusier à travers une réflexion motivée par deux dessins, l’un dédié à Édouard Trouin et l’autre à Chandigarh.

Notre engagement d’offrir dans chaque numéro des écrits ou des visuels inédits ou peu connus deLe Corbusier est de nouveau respecté grâce à la publication de l’article “La Pierre, amie de l’homme” accompagné par l’ensemble de sa documentation retrouvée dans les archives de la Fondation Le Corbusier. Les photos, les dessins et le texte sont analysés par Jorge Torres afin d’en offrir des clés de compréhension. Publication que nous effectuons dans les trois langues de la revue afin de favoriser la diffusion.

Deux recensions de livres, l’un sur le journal d’August Klipstein, compagnon de Le Corbusierdurant son voyage d’orient et l’autre sur les disciples sud-américains de Le Corbusier, précèdent la clôture qui présente l’accusé de réception du livre CIAM 59 IN OTTERLO, ainsi qu’dessinsignificatif: après trente années de travail depuis la création des CIAM, les nouvelles générations, hissées sur des épaules de géants, doivent prendre place pour lever le drapeau de la vérité. Plus de cinquante ans après le décès de Le Corbusier, cette exhortation, “l’avenir est à nous”, demeure actuelle ; et l’architecture, présente et future, continue de se nourrir de sa pensée.

Juan Calatrava / Arnaud Dercelles / Jorge Torres Cueco

LC. No. 2 — Septembre 2020

Les premiers mots de ce deuxième numéro de LC. Revue de Recherches sur Le Corbusier ne peuvent que saluer l’extraordinaire accueil réservé à cette entreprise, malgré le contexte défavorable qui a entouré sa parution. Les milliers de visites sur notre site internet, ainsi que le nombre important de propositions d’articles de qualités qui ont été reçues et continuent à l’être, sont une garantie de poursuivre cette aventure éditoriale.

Ce numéro, comme le premier, reflète fidèlement la nature protéiforme de l’œuvre et la pensée de Le Corbusier mais aussi la grande diversité des recherches qu’elles suscitent encore, de l’histoire de l’architecture aux leçons corbuséennes qui continuent de nourrir notre façon de penser l’architecture de nos villes.


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Le Corbusier n’est pas une simple référence historique convoquée çà et là pour évoquer, comparer ou critiquer l’architecture contemporaine, il continue de l’être une présence vivante et vivifiante. Pours l’en convaincre, il suffit de lire la contribution généreuse de Tadao Ando qui nous livre, à travers un entretien inédit illustré de dessins originaux, ses réflexions sur l’importance de Le Corbusier dans la formation de sa propre vision de l’architecture. Ce dialogue interroge sur la continuité de la culture et de l’art à travers les époques.

Une place particulière est également accordée à l’article du professeur Alessandro Fonti qui nous a quitté il y a quelques mois. Une introduction de Maddalena Mameli, en guise de glose, nous éclaire sur la figure et les travaux du professeur Fonti. Le texte publié ici est celui de sa conférence donnée lors du congrès « LC2015. Le Corbusier cinquante ans plus tard ». Cette contribution est consacrée à la révélation de la présence du mythe d’Ariane dans la production artistique et architecturale de Le Corbusier.

Une fois encore, les aspects biographiques s’avèrent, dans le cas de Le Corbusier et contrairement à d’autres architectes, pertinents, car ils échappent à l’anecdotique. Dans l’article invité, Tim Benton nous livre une étude des agendas personnels, prisme supplémentaire d’importance pour cerner la production corbuséenne. Avec méthodologie, l’auteur nous en dévoile le fonctionnement mais aussi l’organisation.

Dans une rubrique que nous pourrions appeler « Le Corbusier après Le Corbusier », nous livrons les réfexions de Marta Mompó, Miguel Navarro et Federico Carro sur les échos corbuséens dans le projet pour la Foire de Valence. La couverture de ce numéro est quant à elle une création originale conçue par les architectes José Miguel Gómez-Acosta et Daniel López Martínez. Elle repose sur le développement géométrique du Modulor, rehaussé par des aplats de couleurs issus de la palette puristes de Le Corbusier, ainsi que de sa signature

Trois textes monographiques s’emparent de sujets particuliers. Fernando Zaparaín, Jorge Ramos et Pablo Llamazares, dans leur article traitant de la réception de Le Corbusier aux États-Unis entre 1925 et 1939, abordent la question de la fortune critique, qui demeure sans doute l’un des aspects les moins abordés de la recherche corbuséenne. Luis Rojo de Castro apporte quant à lui une contribution supplémentaire sur Le Corbusier et de la photographie. Enfin, dans son étude sur les tapisseries de Le Corbusier, Caroline Levitt nous livre un éclairage pertinent sur ce pan de création encore peu connu.

Conformément à notre idée de proposer dans chaque numéro de la revue une production corbuséenne peu connue, nous présentons, dans sa version originale mais aussi dans une traduction espagnole inédite, le discours Air, Son, Lumière, prononcé par Le Corbusier à Athènes en 1933 à l’occasion du IVème CIAM, dans lequel l’écho du Parthénon, celui de l’atmosphère grecque se fondent dans l’utopie technique du mur neutralisant. Parmi les nombreux écrits de Le Corbusier, c’est un texte d’importance pour lequel il n’est pas aisé de trouver une version exhaustive fable.

Après une rubrique consacrée aux recensions d’ouvrages, ce deuxième numéro se clôt par un visuel marquant afin de l’achever de belle manière ce voyage au cœur de la recherche corbuséenne que nous pensons inépuisable tant l’œuvre est immense.

Juan Calatrava / Arnaud Dercelles / Jorge Torres Cueco

LC. No. 1 — Mars 2020

Octobre 1920, le premier numéro de L’Esprit Nouveau voit le jour. La revue bien qu’officiellement dirigée par Paul Dermée, est en réalité pilotée de concert par Amédée Ozenfant et Charles-Edouard Jeanneret.

Sur la première page on peut lire ce que seront ses objectifs : “faire comprendre l’esprit qui anime l’époque contemporaine ; faire saisir la beauté de cette époque, l’originalité de son esprit […] montrer l’esprit unitaire qui anime dans leurs recherches les différentes élites de notre Société. Présenter, commenter clairement les œuvres, les recherches, les idées de ceux qui aujourd’hui conduisent notre civilisation”.


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À cette déclaration d’intention suit une énumération des champs disciplinaires qui se doivent d’être traités :

ESTHÉTIQUE EXPÉRIMENTALE
PEINTURE, SCULPTURE, ARCHITECTURE
LITTÉRATURE, MUSIQUE
ESTHÉTIQUE DE L’INGÉNIEUR
LE MUSIC-HALL, LE CINÉMA, LE THÉÂTRE, LE COSTUME
LE LIVRE, LE MEUBLE, LES SPORTS
ESTHÉTIQUE DE LA VIE MODERNE

Ce long inventaire est le reflet des disciplines que Le Corbusier abordera tout au long de sa vie et qui s’incarneront dans un concept : la Synthèse des Arts, programme qu’il formule dès 1935 sous le nom de “Sainte Alliance des Arts Majeurs ou Le grand art en gésine”. Cet étendard corbuséen sera porté à de différentes reprises et à travers de nombreux discours, écrits, publications, etc. “Unité”, “Appel pour une synthèse des arts majeurs”, “L’Espace indicible”, New World of Space (1947) ou L’Atelier de la recherche patiente (1960), ne sont que quelques-unes des incarnations d’un engagement théorique, quasi existentiel, d’une recherche patiente qui parcourt toute sa production dans les disciplines les plus diverses : tapis, peinture, sculpture, gravure, lithographie, photographie, architecture, urbanisme, publicité ou mobilier, toutes considérées sous la même optique créatrice.

LC, de manière analogue, souhaite devenir une nouvelle revue dont l’épicentre sera Le Corbusier et la pluralité de son oeuvre. A l’origine L’Atelier de la recherche patiente devait se nommer Le Corbusier et son temps, car Le Corbusier lui-même se voulait être un homme de son temps. Comme L’Esprit Nouveau, La recherche patiente souhaite être une “Revue du monde consacrée à l’esthétique de notre temps, dans toutes ses manifestations”. C’est de cela qu’il s’agit : partir de Le Corbusier pour décrire des circonvolutions généreuses afin d’appréhender l’esthétique et les arts de notre époque. Il s’agit aussi de reconnaître un héritage tourné vers le futur qui nous permette de réunir un large spectre d’articles susceptibles de revenir des origines de Charles-Edouard Jeanneret, celles de ses prédécesseurs, son époque, jusqu’à leur résurgence, manifestation et déclinaison dans le présent et le futur, et ce à travers la grande variété des manifestations artistiques, sans limites ni a priori.

Articles de recherches biographique, littéraire ou textuelle, analyses de projets d’architecture, de créations plastiques, de design ou musique, essais de critique génétique ou inférentielle (selon la dénomination de Michael Baxandall), travaux de nature graphique, photographique, essais portant sur l’esthétique, … Tous seront donc susceptibles d’être publiés car notre seule exigence sera de valoriser une recherche patiente dans laquelle Le Corbusier s’inscrit toujours, même en filigrane. Cent ans auparavant Le Corbusier louait l’ “esprit de construction et de synthèse, guidé par une conception claire” ; nous nous attacherons donc à privilégier les travaux de recherche rigoureux, originaux et signifiants.

Juan Calatrava / Arnaud Dercelles / Jorge Torres Cueco