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Centre culturel

Fort-Lamy, Tchad, 1960

  • Centre culturel, Fort-Lamy
    © FLC/ADAGP
Centre culturel, Fort-Lamy
© FLC/ADAGP

Alors que la république du Tchad est déjà engagée dans son processus d’indépendance, Le Corbusier est choisi par le ministère des Affaires Culturelles français afin d’établir un centre culturel à Fort-Lamy (ancien nom de la capitale Ndjamena).

André Malraux, alors Ministre, écrit à son ami Le Corbusier « qu’il ne serait pas indifférent que les établissements par lesquels la France entend manifester de façon tangible sa volonté d’action culturelle dans ses anciens territoires, devenus indépendants, fussent marqués par le génie d’un des maitres les plus éminents de l’architecture mondiale ». La confirmation du choix de l’architecte intervient quelques temps plus tard, le 30 juillet 1960, d’un courrier émanant du président tchadien François Tombalbaye. Dans ce courrier adressé à Malraux, le président précise l’affectation d’un terrain en plein centre, place de la Libération, sans omettre de signaler qu’il accepte le financement du projet par la France.

 

Le Corbusier aborde ce projet comme la mise en place et la mise en forme d’un site entièrement dévolu à la culture. Bien sûr, l’essentiel de la commande concerne la construction d’un musée, mais l’architecte envisage un projet de plus grande envergure. On y retrouve un musée auquel est rattaché un bloc bibliothèque / salle de conférences, deux salles de théâtre spontané, une « Boîte à Miracle » (concept si cher à Le Corbusier) mais aussi des ateliers, un amphithéâtre en plein air et différentes esplanades.

Le centre de rayonnement culturel (CRC) de Fort-Lamy a une filiation certaine (et revendiquée par Le Corbusier) avec les musées de Tokyo, d’Ahmedabad et dans une moindre mesure avec celui de Chandigarh. Trois projets inspirateurs ont servi de base de travail. Ainsi, même si l’implantation se veut plus généreuse que son ainée, l’empreinte du travail effectué pour le musée de Tokyo est très forte. Depuis le Mundaneum de 1928, Le Corbusier s’entête sur sa nef à spirale carrée, et finalement l’érige en principe constructif pour l’élaboration de ses musées. Comme à Tokyo en 1957, l’architecte façonne un musée à « croissance illimitée » dont les limites s’intègrent toutefois à ce carré de 40 mètres de côté, fait de béton armé. Le toit-terrasse est composé de 44 bassins, de 40 centimètres de profondeur chacun, abrités du soleil par une végétation luxuriante et dont le but est de rafraîchir l’air des niveaux inférieurs (les galeries d’exposition au niveau 2, les balcons et les bureaux au niveau 3). Ce principe est lui aussi hérité du Musée d’Ahmedabad.

Les deux théâtres spontanés sont prévus de part et d’autre de la « Boîte à Miracle » Leur schéma constructif est très simple puisque ces théâtres sont constitués d’ « une dalle de ciment à plus de 0,70 mètres du sol sur laquelle sont élevés des murs en maçonnerie formant au devant de l’ensemble les praticables de la scène et derrière, les loges d’artistes. Quatre escaliers d’accès et une banquette en maçonnerie complètent cette construction »

Le 11 janvier, André Malraux se rend à Fort-Lamy pour y prononcer un discours mémorable. Dans son élan plein de convictions, Malraux s’exclame :

« C’est pourquoi Le Corbusier construira bientôt ici la première Maison de la Culture africaine. Peut-être l’avenir y verra-t-il l’une des plus importantes de nos actions communes…Que la France, qui malgré tant d’obstacles vient de proclamer douze indépendances, dont aucune n’a connue une goutte de sang, retrouve dans ce symbole sa tradition séculaire ! ».

            Le projet sera officiellement soumis au ministère de la Culture le 20 juin 1960 sous forme de plaquettes informatives. Malgré la fougue, l’enthousiasme et les aspirations de l’emblématique Ministre d’État aux Affaires Culturelles, un rapport établi par G.M. Présenté nuance quelques semaines plus tard cette position. Dans ce rapport du 30 janvier 1961, il apparaît clairement que l’ambition du projet a un coup financier qui dépasse les crédits alloués (75.000.000 franc CFA). Ce rapport mentionne sans équivoque la difficulté de le mener à bien et préconise une diminution massive de son ampleur pour le rendre viable.

 

Si l’on en croit Emile Biasini, qui était en 1960 chargé de l’action culturelle, le projet aurait avorté en raison d’une confusion d’André Malraux, qui aurait fait accepter le projet de Le Corbusier en Conseil des ministres en prenant les francs CFA pour des francs métropolitains, lesquels valaient un demi-franc CFA. Par orgueil mais aussi peut-être par réalisme il aurait refusé de demander au ministre des Finances le doublement du budget ! L’Histoire (mais également les archives de la Fondation) ne permettent pas de savoir si l’amitié des deux hommes s’en est trouvée affectée mais si l’on se remémore l’Oraison funèbre prononcée par Malraux dans la cour carrée du Louvres on peut en douter.

  • Centre culturel, Fort-Lamy
    © FLC/ADAGP
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