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Cité ouvrière du Vouldy

Troyes, France, 1917

  • Cité ouvrière du Vouldy, Troyes
    © FLC/ADAGP
Cité ouvrière du Vouldy, Troyes
© FLC/ADAGP

Ce lotissement prévu à Troyes (octobre 1919) est l’occasion d’expérimenter des constructions de « maisons en gros béton » et en séries. Ce projet, commandé par les Etablissements Jourdain et Cie, s’avère être une simplification des maisons Monol conçues quelque temps plus tôt.

Chacune des quelque vingt maisons devaient être construites en trois jours grâce à un système de coffrage dans lequel on injectait du béton liquide par le haut ; « le gravier est coulé avec de la chaux dans un banchage de quarante centimètres d’épaisseur ». Le Corbusier a recours à la « ligne droite » car elle est nécessaire à « la bonne économie d’un chantier », elle est « la grande acquisition de l’architecture moderne ». Pour cette raison le toit voûté, ornement initialement prévu pour les Maisons Monol est délaissé au profit d’un toit horizontal. Parmi les différents plans préparatoires, on constate que les corniches prévues sur le toit ont également été abandonnées pour obtenir une horizontalité totale. Cette démarche est caractéristique de son approche face aux maisons en série : il faut adapter l’esthétique à l’économique.

Le choix du lotissement lui permettait de garantir l’unité harmonieuse qui donnerait « une impression de calme, d’ordre et de propreté ».

Maisons de gros béton. Le terrain était formé de bancs de gravier. Une carrière est installée à même le terrain ; le gravier est coulé avec de la chaux dans un banchage de 40 centimètres d’épaisseur ; les planchers en ciment armé. Une esthétique spéciale naît directement du procédé. La bonne économie d’un chantier moderne exige l’emploi exclusif de la droite, la droite est la grande acquisition de l’architecture moderne, et c’est un bienfait. Il faut nettoyer de nos esprits les araignées romantiques.Maisons en béton liquide. Elles sont coulées par le haut comme on remplirait une bouteille avec du ciment liquide. La maison est construite un trois jours. Elle sort du coffrage comme une pièce de fonte. Mais on se révolte devant des procédés si « désinvoltes » ; on ne croit pas à une maison faite en trois jours ; il faut un an et des toits pointus et des lucarnes et des chambres mansardées !

Extrait de Le Corbusier, Oeuvre complète, volume 1, 1910-1929