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Unité d'Habitation

Rezé, France, 1949-1955

« Marseille est un chantier d’essai, mais Nantes est une habitation pour des usagers qui ont pris eux-mêmes l’initiative de la construire et de la financer. Et ceci est une toute autre affaire et représente un événement moral décisif. »
Lettre de Le Corbusier à Jean Raulo, le 26 octobre 1951

La commande

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les politiques du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme incitent certains sinistrés à se regrouper en association ou en société coopérative afin de participer à l’effort de reconstruction.

À Rezé, près de Nantes, la Maison familiale, société coopérative privée d’habitation à loyers modérés créée en 1911 et gérée en partie par la Caisse d’allocation familiale (CAF), commande le 23 juillet 1949 à Le Corbusier un bâtiment de cent logements, sur le modèle de l’Unité d’Habitation de Marseille alors en construction. Le lien entre la société coopérative et Le Corbusier se fait grâce à l’avocat Gabriel Chéreau, rompu aux théories de l’architecte de la rue de Sèvres.

La Maison familiale de Nantes, au regard de ses statuts, commande un immeuble devant répondre aux normes des Habitations bon marché (HBM). Les futurs habitants pourront acquérir progressivement leur logement en propriété coopérative grâce à un système de prêt-financement. Ce système, qui permet aux ménages les plus modestes de devenir propriétaires, crée des problèmes de financement au départ du projet.

Unité d'Habitation de Rezé © FLC / ADAGP / Alejandro Gómez Vives
Unité d'Habitation de Rezé © FLC / ADAGP / Alejandro Gómez Vives

Le projet

Afin de satisfaire à la commande initiale de cent logements et aux normes HBM, Le Corbusier obtient en décembre 1950 une exemption de permis de construire, au titre de la construction expérimentale. Il compte d’abord construire trois niveaux puis quatorze autres, répartis sur 32 905 m2, dont 3 500 m2 réservés aux services et équipements, comme pour l’Unité d’Habitation de Marseille. Cela n’est toutefois pas réalisable dans les normes HBM et Le Corbusier est contraint de réduire les surfaces des appartements.

Le projet définitif est établi en 1951. Le Corbusier travaille avec Eugène Freyssinet et Bernard Lafaille pour les premières études techniques, qui sont reprises par le bureau d’études Séchaud et Metz. Le chantier se veut exemplaire : deux ans d’études permettent d’établir l’engagement des entreprises, le délai de chantier (18 mois) et le budget (861 644 948 Francs). Tous ces engagements sont respectés et les travaux débutent en juin 1953. L’Unité est inaugurée en juillet 1955.

L’Unité d’Habitation de Rezé est plus petite que celle de Marseille : 105,71 mètres de long, 19,03 mètres de large et 51,80 mètres de haut. Elle est implantée au centre d’un parc de 2,5 ha, agrandit à 9 ha. Ses façades sont laissées en béton banché.

Pensée comme un « village vertical » monté sur des pilotis répartis en quinconce, partiellement au-dessus d’une pièce d’eau, elle est constituée de 294 appartements construits sur le principe de la boîte à chaussures. Tous les appartements, construits en béton précontraint, ont une structure indépendante les uns des autres et sont superposés. Ils sont séparés par leurs murs porteurs extérieurs et sont isolés entre eux, notamment grâce à de la fibre de verre.

Les appartements en duplex respectent les dimensions du Modulor (2,26 mètres de hauteur sous plafond) mais ne comportent pas de mezzanine à proprement parlé. Les logements sont desservis par une rue intérieure, notamment accessible par des ascenseurs, et comportent des loggias. Les appartements sont traversants d’est en ouest, sauf ceux de la troisième rue qui sont mono-orientés.

Si les équipements collectifs apportent un confort de vie aux habitants, on trouve une école maternelle et des salles destinées à des associations, la rue commerçante n’est pas présente car refusée par la Maîtrise d’Ouvrage dès le début du projet. Initialement prévue par Le Corbusier au rez-de-chaussée, l’école maternelle sera finalement construite sur le toit terrasse et comportera trois classes, d’après une décision du maire datant de 1954. Cette décision tardive bouleverse les projets de Le Corbusier pour le toit terrasse : celui-ci devait comporter davantage d’espaces propices au vivre ensemble, comme un théâtre de plein air.

Unité d'Habitation de Rezé © FLC / ADAGP / Alejandro Gómez Vives

Le devenir de l'immeuble

Un mois après la mort de Le Corbusier, les façades et les toitures de l’Unité d’Habitation de Rezé sont inscrites au titre des monuments historiques. Elle est classée partiellement en 2001 (façades et toitures, l’école en terrasse, les circulations intérieures, la passerelle, les deux appartements témoins du sixième étage).

Les façades sont restaurées une première fois en 1999. Les études pour une nouvelle restauration sont en cours ainsi qu’une tranche d’essai in situ. Parallèlement, en 2022, l’école maternelle, de propriété de la Ville, a fait l’objet d’une restauration.

L’Unité est toujours habitée, sa vie associative est riche et son école maternelle toujours en activité. L’association des habitants créée en 1954, l’AHMR, l’Association des Habitants de la Maison radieuse (en référence au nom proposé par Le Corbusier pour l’Unité), est moteur de nombreuses activités culturelles.

  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : A. Hamonic
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : Pierre Joly et Vera Cardot
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : Lucien Hervé
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : Pierre Joly et Vera Cardot
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : A. Hamonic 1954
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : A. Hamonic 1954
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : A. Hamonic 1954
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'habitation, Rezé
    Photo : Biaugeaud et Harang
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : Pierre Joly et Vera Cardot
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : Lucien Hervé
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : A. Hamonic
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : Pierre Joly et Vera Cardot
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : Lucien Hervé
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : Pierre Joly et Vera Cardot
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : A. Hamonic 1954
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : A. Hamonic 1954
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : A. Hamonic 1954
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'habitation, Rezé
    Photo : Biaugeaud et Harang
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : Pierre Joly et Vera Cardot
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    Photo : Lucien Hervé
    © FLC/ADAGP
  • Unité d'Habitation, Rezé
    © FLC/ADAGP