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Le Corbusier

Le Corbusier

Biographie

1939-1946 : De la mobilisation à la reconstruction

La période 1939-1946 couvre à la fois la Drôle de guerre, le conflit mondial et l’immédiat après-guerre. Elle marque un tournant important dans la vie et l’œuvre de Le Corbusier. À cinquante-deux ans, il voit son monde s’écrouler… Celui-là même qu’il dénonçait et dont il présentait l’échec inexorable depuis le milieu des années 1930. Français par naturalisation, il entend bien se mettre au service de son pays. Il propose ses services au ministre de l’Armement Raoul Dautry qui lui confie la construction d’une cartoucherie à Aubusson dans le cadre de la décentralisation industrielle. La Défaite le plonge dans un profond désarroi émotionnel. À l’abattement succède l’exaltation et l’enthousiasme. La constitution du régime de Vichy sur les cendres de la IIIe République relève bien à ses yeux de ce qu’il avait alors imaginé : l’écroulement du monde ancien favorisant la renaissance du pays fondée sur de nouvelles valeurs collectives et sociétales.


1939

  • Nommé Membre étranger de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Stockholm
  • Voyage en Turquie pour l’étude des plans d’urbanisation de Smyrne
  • Voyage au Chili pour l’étude de l’urbanisation de Santiago du Chili
  • Réalisation de 6 fresques murales supplémentaires dans la villa E-1027
  • Installation en septembre à l’hôtel du Cheval Blanc à Vézelay

1940

  • Le Corbusier, peinture murale rue Le Bua
  • Décision ministérielle autorisant les architectes non-diplômés Auguste Perret, Eugène Freyssinet et Le Corbusier à exercer
  • Réalisation d’une peinture murale rue Le Bua, à Paris
  • Fermeture de l’atelier du 35 rue de Sèvres
  • Le Corbusier quitte Vézelay pour Ozon
  • Le Corbusier alterne ses séjours entre Vichy et Alger où il essaie de développer ses projets d’urbanisme

Les appels incessants du Maréchal Pétain en faveur d’une Révolution nationale ne sont pas pour lui déplaire, lui qui a fait de l’architecture le fait révolutionnaire par excellence. Comme la majorité des Français il accorde également à Pétain le bénéfice du « Vainqueur de Verdun ». À ses premières impressions viendront s’ajouter les acteurs d’un réseau ancien qui milite activement pour son intégration dans les arcanes de l’état français. Il s’installe à Vichy au début du mois de janvier 1941 pour entamer des démarches incessantes auprès des nouvelles autorités. Il pense obtenir les moyens non seulement d’œuvrer à la reconstruction mais aussi de s’en voir confier la responsabilité et de la mettre en œuvre selon les principes de l’architecture et de l’urbanisme modernes. Son aveuglement durera dix-huit mois, le temps de prendre conscience qu’au-delà des messages de bienveillance, rien d’important ne lui sera jamais confié.

Naviguant dans de nombreuses commissions bureaucratiques, il n’obtiendra rien de mieux que des missions temporaires auprès du commissariat à la lutte contre le chômage. Auprès des techniciens du régime, il compte en réalité plus d’adversaires que d’alliés, notamment François Lehideux qui s’oppose à lui avec force et constance, redoutant les idées programmatiques de l’architecte. Au mois de mai 1941, il intègre la commission Latournerie d’étude pour l’habilitation et la construction immobilières. À défaut de peser sur l’urbanisation du pays, il se consacre à l’écriture de nouveaux livres qui sont le fruit du loisir laissé à sa réflexion (La Charte d’Athènes, Sur les Quatre routes, La Maison des hommes…). Le 1er juillet 1942, épuisé, il lâche un tonitruant « Adieu, cher merdeux Vichy ! Je secoue la poussière de mes croquenots jusqu’au dernier grain » et quitte définitivement les lieux pour Paris.


1941

1942

  • Portrait de Le Corbusier © Bodé
  • Résidence Peyrissac, domaine agricole, Cherchell © FLC/ADAGP

S’ouvre alors la deuxième période, sans doute la plus intéressante sur le plan de sa construction théorique. Loin du pouvoir, calfeutré dans l’imposant silence de l’atelier de la rue de Sèvres, il va proposer de nouvelles analyses sur les enjeux et les stratégies à promouvoir pour la reconstruction à venir. À l’heure où les forces de l’Axe subissent leurs premières défaites, il écrit pour ce qui le concerne : « Année 1943 sans caractère particulier, située peut être à ce point d’inflexion entre la somme des erreurs et l’aube du renouvellement ». En fondant l’Association des Constructeurs pour la rénovation architecturale (ASCORAL), il se projette dans l’après-guerre. Le 8 mai 1945, alors que l’on célèbre la victoire, il est, à cinquante-huit ans, prêt à reprendre ses combats pour la défense et l’illustration de l’architecture moderne. Il est à pied d’œuvre pour la reconstruction de Marseille, La Vallée de la Seine, Saint-Dié et La Rochelle-la-Palice.


1943

  • Le Corbusier / Le Groupe CIAM France, la Charte d'Athènes, Plon, 1ère édition, 1943

1944

  • Unité d'habitation, recherches, sans lieu
    © FLC/ADAGP
  • Réouverture de l’atelier 35 rue de Sèvres après la Libération
  • Entre 1944 et 1946, Le Corbusier commence à concevoir des sculptures en collaboration avec  l’ébéniste breton Joseph Savina. Les deux hommes qui se connaissent depuis 1936 avaient déjà élaboré ensemble du mobilier
  • Projet Usine verte
  • Début des recherches sur les unités d’habitations
  • Le développement de la cuisine, 1944
  • Le Corbusier peignant une sculpture © FLC / ADAGP / Joseph Savina

1945

  • Le Modulor, sans lieu
    © FLC/ADAGP
  • Exposition de son œuvre organisée par le Walker Art Center de Minneapolis
  • Mise au point du Modulor, sa mesure universelle de proportions à l’échelle de l’homme, dont Albert Einstein dira  » C’est une invention qui rend le mal difficile, et le bien facile. »
  • Publication des Trois établissements humains
  • Création de l’ATBAT, atelier de bâtisseurs que fondent Le Corbusier, Vladimir Bodiansky, André Wogenscky et Jacques-Louis Lefebvre. Cet atelier prend en charge toute l’ingénierie et les calculs pour construire l’unité d’habitation de Marseille
  • Projets d’urbanisme pour les villes de La Rochelle-La Pallice, Saint-Dié des Vosges

1946