Unités de camping
Roquebrune-Cap-Martin, France, 1956
La commande
En 1948, Le Corbusier, habitué de la villa E-1027 conçue et construite par Eileen Gray et Jean Badovici entre 1926 et 1929, se lie d’amitié avec la famille Rebutato qui vient d’ouvrir sur le site, face à la baie de Monaco, un modeste restaurant baptisé L’Étoile de mer.
Le Corbusier revient chaque année prendre pension à L’Étoile de mer et décide en 1951 de se construire un cabanon. En échange du terrain cédé par Thomas Rebutato, il propose de réaliser des logements de vacances. Sa recherche autour de l’habitation de vacances aboutit avec la création en 1956 des Unités de camping.
De 1948 à 1950, Le Corbusier conçoit pour le site de Cap Martin le projet ROQ de cité de vacances. Comme pour la Sainte-Baume, il s’agit d’appartements reliés entre eux par des escaliers extérieurs et des ascenseurs accessibles par des galeries souterraines. Le terrain en pente autorise la création de logements en duplex, aux dimensions du Modulor. S’opposant au développement anarchique des constructions côtières, Le Corbusier choisit d’utiliser la couverture voûtée et l’accolement des maisons les unes aux autres. Ce projet n’aboutissant pas, le Corbusier conçoit de 1952 à 1955, un autre projet nommé ROB. Il prévoit cinq logements de vacances en duplex, comme dans le type ROQ, mais simplifiés. En 1954, suite à une violente tempête au niveau du terrain, ce projet est aussi abandonné.
Les études menées par l’architecte posent les bases des Unités de camping de 1956. En échange d’une parcelle pour le Cabanon, Le Corbusier va réaliser cinq Unités de Camping. Le menuisier corse Charles Barberis se charge de la construction, qui reprend certains éléments de l’aménagement intérieur du Cabanon. Ces unités illustrent les recherches de Le Corbusier sur l’habitat minimum et un habitat de loisir modulaire, économique et adapté au tourisme balnéaire.
Le projet
Les unités font 8 mètres carrés, reprennent les dimensions du Modulor (2,26 x 3,66 x 2,26 mètres) et permettent de loger deux personnes à la fois sur des lits individuels. On y accède par un petit escalier. La nature fait partie intégrante du projet ; de grandes fenêtres encadrent le paysage face à la mer.
Il s’agit de la déclinaison en série de l’habitation minimale de Le Corbusier, qui offre « en volume et en dispositions les ressources de confort d’une cabine de luxe à bord d’un liner ».
Charles Barberis simplifie le principe des Unités de Camping pour rester dans le budget de Le Corbusier. Le bâtiment initialement pensé de plain-pied est finalement monté sur pilotis. Le Corbusier confie à Charles Barberis la conduite du chantier pour se concentrer sur la polychromie des plafonds et menuiseries extérieures, réalisée en couleurs vives.
Thomas Rebutato peindra sur le pignon nord la figure du Modulor, restitué lors de la dernière restauration.
Le devenir des unités
Les Unités de Camping sont protégées depuis 1994. Elles ont été repeintes en 2003 et ont fait l’objet d’une restauration entre 2016 et 2017. Elles sont, depuis 2022, classées monuments historiques en totalité et font partie de la composante du Cabanon Le Corbusier de la Série inscrite en 2016 sur la Liste du patrimoine mondial.